ASSOCIATION DE L'EXPLORATION MINIÈRE DU QUÉBEC

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Chaîne d’approvisionnement des minéraux critiques : entre discours et réalité

24 février 2025
Lettre de Alain Poirier, Directeur général, Association de l’exploration minière du Québec, publiée dans La Presse, lundi le 24 février 2025.

Ces dernières semaines, le gouvernement du Québec a réaffirmé l’importance des minéraux critiques et stratégiques (MCS) pour la sécurité des chaînes d’approvisionnement et comme réponse aux droits de douane imminents du gouvernement Trump.

Le Québec possède assurément un atout majeur : un sous-sol riche en MCS essentiels et nous produisons déjà du nickel, du fer de haute pureté, du niobium, du cuivre, du graphite, du lithium, des éléments du groupe du platine et du titane. Ces ressources sont cruciales pour de nombreux ouvrages, y compris les technologies vertes et la transition énergétique.

Or, au lieu de soutenir activement leur exploration, le gouvernement multiplie les contraintes réglementaires et restreint l’accès au territoire, fragilisant ainsi les PME d’exploration québécoises et les régions ressources. Depuis octobre 2018, 10 % du territoire québécois – soit 158 420 km², l’équivalent de 227 fois les îles de Laval et de Montréal réunies – ont été définitivement soustraits à l’exploration minière, portant les soustractions et contraintes à 41 % sur le territoire québécois. Les récentes modifications à la Loi sur les mines en 2024 ont ajouté une couche supplémentaire de restrictions et d’incertitudes, compromettant ainsi les objectifs mêmes du gouvernement en matière de MCS.

Le Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques affiche pourtant des orientations prometteuses :

– Accroître les connaissances et l’expertise sur les MCS ;

– Mettre en place des filières intégrées ;

– Contribuer à la transition vers une économie durable ;

– Sensibiliser, accompagner et promouvoir l’industrie.

Mais ce plan passe à côté de l’essentiel : on ne peut pas exploiter ce qui n’a pas été découvert. Le Québec ambitionne d’occuper une place prépondérante de la sécurité des approvisionnements, mais il freine ceux qui en sont à l’origine. Plutôt que de faciliter l’exploration, le gouvernement alourdit la réglementation, rendant le travail des explorateurs plus complexe et incertain.

Les interdictions s’accumulent, la réglementation devient imprévisible et les investisseurs s’interrogent. Il est urgent de rectifier le tir. Plutôt que de marteler des slogans sur la souveraineté minérale, le gouvernement doit faciliter l’acquisition de données géoscientifiques et encourager la recherche minérale. Car sans exploration, il n’y a ni nouvelles découvertes, ni nouvelles mines, ni chaîne d’approvisionnement crédible.

L’un des motifs avancés pour justifier ces restrictions est l’augmentation du nombre de claims dans le sud du Québec. Pourtant, aucune découverte majeure ni nouvelle mine n’a vu le jour dernièrement. Le gouvernement a cédé à la pression de groupes militants, sans démonstration tangible des impacts négatifs qu’ils dénonçaient. Résultat : des contraintes législatives plus lourdes, des délais et des coûts accrus pour les entreprises, et un climat d’incertitude qui freine les investissements.

Pendant ce temps, d’autres pays prennent le relais pour répondre à la demande, souvent dans des conditions environnementales moins rigoureuses, avec un respect discutable de la santé des travailleurs et une contribution limitée aux économies locales et nationales.

Le gouvernement ne peut pas, d’un côté, brandir les MCS comme un levier stratégique face aux États-Unis et, de l’autre, entraver l’exploration qui assurerait cette indépendance. Cette contradiction affaiblit notre crédibilité et compromet notre position sur la scène internationale.

Si le Québec veut réellement s’imposer comme un acteur de premier plan dans l’industrie des MCS, il doit rééquilibrer la réglementation pour encourager l’exploration minérale. À défaut, il fragilisera sa position stratégique et laissera passer une occasion unique d’assurer son leadership, au détriment des générations futures et du développement économique des Québécois.

Source: La Presse, 24 février 2025

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